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Nadir* est algérien. Il vit en Belgique depuis 10 ou 15 ans. Il a encore de la famille en Algérie, il a déjà parlé de sa mère et de sa soeur qui y vivent encore. On ne connaît pas grand chose de son parcours ni de ce qui l'a amené à la rue. Il a été abusé par un patron, une avocate devait se charger de le défendre. Elle semble avoir disparu de l'ordre. Il a gardé, de ce mauvais travail, une santé faible et pas mal de perte de confiance en lui. Il se débrouille. Il fait des petits boulots en black. Il n'a plus de papiers. Son pays d'origine n'est pas dans une situation critique. Il n'obtiendra jamais ses papiers. Il est ce qu'on appelle un vieux migrant.

Il a vécu en tente à côté de Sheeva, il le protégeait et veillait sur lui, éteignant le feu la nuit, lui donnant à manger. Une fois que Sheeva est parti à l'hôpital, Nadir a quitté le camp. Il ne veut pas être assimilé à un sans-abri tels qu'on les voit souvent. Il n'a pas d'addiction, il boit seulement quelques bières avec ses amis. Il est très beau, très grand et apprêté. Il est aussi très discret. Et il a du mal à accepter l'aide.

Aujourd'hui, il vit chez Chantal*, il a sa chambre individuelle et il partage la cuisine et la salle de bain avec des migrants de passage. Ça n'a pas été facile pour lui au début d'être ainsi accueilli. Il a résisté, il a voulu partir. Il avait le choix évidemment. Nous devons accepter que ce que nous voyons comme des solutions parfaites, ne le sont pas toujours pour eux. Il y a des résistances qui sont difficiles à identifier. Et puis, il est resté. Aujourd'hui, il prend un café tous les matins avec les autres dans la cuisine.

Chantal, son hébergeuse reçoit des conserves pour les repas qu'ils préparent ensemble. Sortir du bois offre à Nadir régulièrement des cartes de bus, du tabac et un peu d'argent de poche quand il n'a pas de travail.

* Les prénoms sont modifiés.

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