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Chantal* a contacté Sortir du bois il y a quelques mois, peu après la mort de Christophe. "Bonjour, j'habite Liège. J'ai une chambre inoccupée. Je souhaite la mettre à disposition d'une personne qui en a besoin. Il y a bien sûr la question de la confiance... mais pour des raisons personnelles le récit de la mort de Christophe m'a beaucoup interpellée. Pouvez-vous me téléphoner? Chantal ". C'était au mois de novembre, l'hiver arrivait. On a directement téléphoné. Chantal nous a raconté que, veuve depuis peu, elle voulait honorer la mémoire de son époux en réalisant un projet qu'ils avaient ensemble : accueillir des personnes chez eux. On a directement pensé à Nadir* qui, ne vivant plus en tente depuis le départ de Sheeva, squattait à droite à gauche chez des amis. Rien de confortable ni d'intime, il dormait sur un canapé au milieu d'un tas de canettes. Nadir est quelqu'un de très discret, on s'est tout de suite dit que ça collerait. On a pris rendez-vous très vite et on a rencontré Chantal autour d'un thé, lui expliquant notre démarche d'urgence : trouver un logement digne à Nadir dans lequel il puisse se poser tout en continuant à vivre sa vie sociale, importante pour lui. Sa maison, proche du centre-ville lui permettrait cela. Nadir est arrivé peu de temps après. Il était fébrile, mal à l'aise, peu causant. C'est sûr que tout allait très vite. Il a pris quelques jours pour réfléchir. Puis a accepté. Il s'est installé dans sa chambre, Chantal lui a proposé des règles de vie communes. Tout n'a pas été simple, il y a eu des allers-retours. Chantal a donné à Nadir le temps qu'il lui fallait. Sur cet élan, elle a commencé à accueillir des migrants, érythréens pour la plupart qui passaient quelques jours, puis repartaient. Il y a eu aussi un étudiant guinéen et pour le moment, un jeune palestinien. Ça fait beaucoup de monde. Aujourd'hui, Nadir semble se sentir bien, il s'occupe du potager, a été adopté par les chiens et chats de la maison. " Si je pars, je lui confie la garde de la maison sans problème ", ajoute-t-elle. Nadir a pu faire le ramadan en toute sérénité, pour Chantal, c'était important qu'il puisse le faire à son aise. Elle termine "Et oui, tu as raison, je suis heureuse avec mon petit monde, ma maison modulable, la cuisine communautaire. C'est parfois rock'n'roll mais c'est ça la vie. Ce qui m'effraie, c'est d'avoir cru longtemps que les pouvoirs publics prenaient en charge ceux qui n'ont rien." Chantal semble heureuse et à l'aise dans cette communauté. Jusqu'à présent, elle ne demandait rien, on l'a intégrée dans des réseaux d'invendus et de distribution de nourriture. Aujourd'hui, vous êtes 10 à donner 10€ par mois pour Nadir mais aussi tous les autres de passage. Le réseau wallon d'aide aux migrants la soutient aussi à raison de 100€ par mois. Tous les bouts de la solidarité sont noués.

*Certains prénoms sont modifiés.

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